Philippe Lherminier a enseigné la génétique à l’École supérieure d’ingénieurs et de techniciens pour l’agriculture (Ésitpa) et a travaillé à l’amélioration des races domestiques. Il s’est ensuite consacré à l’étude de la notion d’espèce, un domaine où l’histoire et la philosophie des sciences tiennent une large place. Il est membre de la société française de systématique de longue date.
Résumé de l’éditeur: Le naturaliste ne cherche plus ce que sont les êtres vivants, mais s’ils ont des relations. Un individu seul, qui ne ressemble ni ne descend ni ne s’accouple à un autre soi-même, n’est d’aucune espèce, c’est donc un monstre – la Bête de l’Apocalypse est une confusion d’espèces. Dans les populations les ressemblances, la descendance et la fécondité sont les relations réelles donc les critères objectifs, universels et réfutables qui guident les pratiques des naturalistes. L’espèce est tout et partout : support de l’inventaire et de la classification des êtres vivants jusqu’aux virus, module du seul événement évolutif, la spéciation, véhicule des gènes isolés ou transférés qui vont et viennent de l’une à l’autre, maillon fort des systèmes écologiques. La révolution darwinienne a validé la variation adaptative, mais il ne faut pas oublier que la régularité et le maintien des espèces, sans lesquels aucun équilibre naturel durable n’est possible, posent autant de questions que leur évolution. La classification cladistique et les analyses moléculaires permises par l’outil informatique ont grandement rénové la détermination des espèces quoique sans bouleverser les concepts classiques ; à son tour la génétique de la fécondation modélise des échanges d’information subtile entre les conjoints voire au-delà. La création d’espèces est banale chez les plantes, à notre portée chez les animaux ; la génétique culturellement dirigée relance l’évolution des espèces, peut-être la nôtre ?